Journal intime du Gardien du Phare | déc 2020 {création}

—15 textes extraits de la Mythologie du Phare, écrits en février-mars 2020—

Cette section regroupe une série de 15 textes issus du journal intime du Gardien du Phare.
En attendant leur publication en bonne et dûe forme sur ce site, vous pouvez les lire ici.
Les autres textes de La Mythologie du Phare, l’oeuvre dont le personnage du gardien fait partie, sont ici sur le site de Zoro Zoraï.

«La vie n'est pas faite que de réel.
Le jeu n'est pas fait que d'irréel.» [...]



3h30, le 29 février 2020

Le premier Chapitre de Zoro vient de finir. L'épuisement comme la gratitude se concentre en un corps et une âme. Les deux liés et interchangeables. ZORO a l’air heureux, au creux de mon être. ICI, il attend le public en sommeil.

Pourquoi j’ai toujours gardé ça pour moi ? … De ce désir d’une marque à laisser au monde, pourtant, la même, lié à mon âme, la marque du monde s’est gravée. Pourquoi j’ai toujours gardé cela sous silence ? De posséder un espace pour mon expression, alors qu’elle ne souhaite que répondre à un même espace. Comme toujours enchainé aux mots de l’autre, à son expression.

La formule magique “YEDYEROR, YERO” ?? Que veut-elle dire ? en tout premier, rien du tout. et quand on entre dans l’imaginaire elle veut dire, techniquement, “ZOR O” (bien que cela ne veuille rien dire non plus), Nous pouvons donc l’entendre comme un inversement des sens, comme le monstre stabilisé à la lumière. Comme une offrande à recevoir, tel qu’indique la clarté vers le monstre ou sa bêtise. C’est l’acceptation de placer le monde comme la représentation de la présence sans forme, ou de Yeroelle. La lumière des phares sont sur l’un, enfin, grâce à l’exécution de cette formule magique. et pour revenir au réel, l’acceptation du comédien derrière le clown de la nature profonde du public. Qu’est-il à part ce silence bienheureux, lorsqu’il arrête enfin sa relation avec ses pensées, c’est un acte d’une grande sagesse quand on est capable de reconnaître que nous sommes face à un spectacle. Pour le dire bêtement : c’est le moment où il est plus interressant de se tourner vers les comédiens. Ils devrait être là pour parler de vous… “YEDYEROR YERO” pourrait donc vouloir dire : “toute la place est à l’autre, car plus haut que moi. Et j’en serai votre miroir par refflet car je suis celui par qui votre veille silencieuse s’exécute. Ne nous abandonnons pas et allons, ensemble, voir Yeroelle.”

Si une mère exprime cette formule magique avec le bon mouvement pour cette expression, elle pourra reconnaître par l’opération de l’inversement du monde, qu’elle n’est pas seulement la sorcière et ses désir mais bien le socle sur lequel tout repose. pour simplifier : devenir terre mère. et ainsi reconnaître les larmes de l’envol des étoiles.

Les larmes de l’envol des étoiles, qu’est-ce que c’est?


23h15, le 29 février 2020

J’attends 00h00 pour :

  1. allumer la bougie jaune : on sera le 1er mars et un dimanche.
  2. Je compte les plumes puis les cailloux pour YED, oui ! La grande multinationale de Serge Zorai ! Qui fait croire aux rêves de tout le monde lorsqu’on le voit rentrer dans le sien. Il est génial Monsieur Zoraï !

OOhO1, le 1er mars

Ca a quand même vachement plus la classe avec la bougie jaune allumée. Il va être temps pour moi, gardien de ce phare, d’aller ouvrir la sacoche de la dernière récolte de rêve et de cauchemar. Les récoltes de rêves se trouvent dans la partie lumineuse. Les récoltes de cauchemars dans la partie ténébreuse.


00h35

Avant de compter les plumes et les cailloux, je vais aller retourner la carte qui s’est posée sur la tête de mon lit, tout à l’heure, lorsque j’ai jeté jusqu’au plafond tout le jeu de cartes. (Pourquoi a-t-il fait cela? Pour mimer ce que Zoro a vécu pendant sa naissance, il est raconté par lui qu’il a commencé à vivre avec une pluie de hasard, une tempête de merde lui pleuvait dessus, du hasard partout. Le gardien du phare pouvait s’approcher un peu plus de ce qu’il se passait pour lui Zoro). Comment se permettre d’interpréter quoi que ce soit d’un geste qu’un autre que soit même a fait, surtout si on n’en connait pas sa raison? Comment penser qu’il faudrait que j’interprète ce que je fais moi même puisque je sais ce que je produis lorsque je le produis, j’ai pas besoin de rajouter une idée de où ça pourrait venir… Parce qu'à part savoir que je suis là dans ce phare, flottant, et poursuivant son office de phare, à part savoir que je peux aller avec les nuages, tranquille, ou accélérer avec le vent. M’arrêter parmis les cailloux. A part savoir ça… A part savoir que je suis là…Je ne vois pas trop ce que je pourrais bien faire de ce que contient cette saccoche. Ainsi permettre de répandre le symbole du jeu partout dans cette pièce. PS1 : j’ai déjà retourné une carte qui s’est posée sur le sac de plumes. LA DAME DE COEUR, elle est devenue un atout. Je l’ai donc installée dans les “volages”, d’ailleurs ce sac de plumes est installé sur la poignée de la porte permettant de sortir à l’extérieur du phare. Ici, sur les marches, si près de cet océan je peux voir d’ici un infime mouvement de l’océan incommensurable. Je peux observer des centaines de milliard de mini bulles, s’entre-choquer, s’entre-s’unir, s’entre-disparaître, réapparaître. D’où? Puis, les montées et les descentes incessantes jusqu'à l’ennivrement puisque le phare en est également le récepteur. Je suis plus confortable à l’intérieur, quand je n’ai à m’attarder sur rien. Juste le vaste me va bien. Ou alors je peux juste relever la tête vers l’horizon, depuis les marches. Et je peux voir de face les navires tracer leurs flots. Le ciel au dessus de tout ça.

PS2 : J’ESPERE QUE CETTE CARTE AURA LA CLASSE, comme la bougie jaune.

LA DAME DE PIQUE (j’aime bien) : “J’ai demandé à Irène qu’elle se mette dans mon futur chapeau”


1h22

Je viens d'éteindre la bougie jaune. Elle se consume vraiment trop vite, pardon Irène.


1h35

Je n’ai toujours pas compté les plumes et les cailloux… Je n’ose les toucher sans connaitre leur nature infinie… Comme si la légèreté pure ne pouvait être qu’incassable, et comme si le réel ne pouvait très bien pas l'être.

Ce avec quoi les êtres humains communiquent s’appelle “MO”, ils le parlent et l'écrivent, l’articulent et l’avouent, comme si “MO” était un autre mot pour dire ZOREÏ.


10h48, le 2 mars

Je n’ai toujours pas fait mon travail de comptable… Et compter plumes et cailloux est mon boulot ! Je vais prendre l’air.


11h

C’est comme si le calme, par contre, n'était qu'à moi.


11h14

Il est difficile d’aller prendre l’air par temps de phare agité. Mais j’y vais, là. Même à l’air, c’est agité (et je ne parle pas que du temps… heureusement que Princesse Daphnée Paillette est là pour me rappeler au calme, bien que beaucoup trop perso) Ah tiens ! Le calme ! On sait tous très bien qu’il y a moi, qui bouge et parle, mais personne ne sait que je ne sers à rien. Il suffit juste qu’ils soient là pour être réels. Le sont-ils ? Sinon je demeure aussi fugace qu’une pensée ou un nuage. C’est comme si un chat n’avait aucun problème pour prendre la place du guetteur. Merci, Princesse Daphnée Paillette, de me protéger ainsi. Moi, le simple comptable du monde, comptant mais content ! Voyant les chiffres, je me dis juste, toujours, qu’il serait bon de les tendre pour toujours. Les ZORAÏ, les Serges, comme les Zors ou les Yed, qu’ils sortent en lançant ce sort : “IEDIEROR, YERO !” pour le simple souhait de reconnaître Liberté. Liberté Liberté ! Me vois-tu, c’est moi ! Accroche-toi bien on va décoller, n’oublie juste pas : Te dua ! Te dua ! Te dua ! Te dua ! (Traduction : “Je t’aime”)

N’y aurait-il pas que les larmes pour le calme? Que se passerait-il dans le monde s’il décidait d’arrêter de vouloir les entendre? Sans dua, rien ne se saisit. Je pourrais peut-être toujours avoir les tiens, qui que tu sois! Voyons nous comme tout est léger? Si vous vous sentez encore trop lourd, c’est peut-être le trop plein de larmes, ouvrez les vannes ce soir messieurs et mesdames! Et toi chère Enfance ouvre tes bras et embrasse, n’attend pas après les adultes. Et vois comme ils pleurent. C’est à toi, Enfance, à offrir cette attention faisant couler les larmes de l’envol des étoiles. N’y aurait-il pas que les larmes pour le calme? Que se passerait-il dans le monde s’il décidait d’arrêter de vouloir les entendre? Car la peine ne peut se transformer en joie sans larmes.


2h09

Rêvons-nous ensemble ? Comment pourrais-je entendre ce que vos rêves sussurent si personne ne les dit ? Et pourquoi personne n’hésite à incruster les cauchemars ?

“Moi, Yedyeror,ne peux mourir. Serge, Zor, Zoro ou Jonathan, oui. Mais moi, celui profondément né d’un rêve comme vision commune, je ne le peux. J’ai alors enseigné la patience à chacun d’eux et il n’y a que Serge qui n’a pas compris de quoi je parle. D’où le jeu parle ?”


13h36

Je ne vis que ce que je vois et je rêve ce que “je” dis. Même si c’est moi ! Même ici, uniquement pousser par le vent. Ne me préoccupant d’acune vague. Autant en christal qu’en granit, qu’en nuage comme en lune, je souffle l’air du monde.


12h51, le 2 mars,

Où sont allées ces quasi 24h … La tempête fut certainement trop frote et j’ai certainement du m'écrouler de sommeil. Tout a l’air pourtant en place, la malette est toujours à sa place, les côtes toujours visibles et le navires autour voguent solitaire sur cet océan enfin calme. Bien que l’air soit froid. Mais à l’intérieur de ce phare libre, le poêle est tout près de mes pieds. Je vois que pendant mon sommeil d'écriture j’ai donné les coups de pinceaux à certaines choses. Bien que mon geste ne soi toujours par en cha-o-ri. Il va bien falloir que je comprenne ce que disent Zor et Yedyeror pour avoir une idée de ce que peut bien vouloir exprimer les plumes et les cailloux. Mais il y en a un qui sommeil et un qui n’est que silence. Je n’ai pas de soucis de parler à Serge ou Zoro… Par contre, Zor ou Yedyeror, je n’ose y toucher seul. Surtout Zor. Car il est celui qui ne peut sortir des caves de ce phare, et pourtant celui qui ne fait que tourner sur lui-même, comme enfermé dans sa cage, comme tenu à demeurer à jamais dans les coulisses des théâtres. Est-ce que c’est lui le cailloux ??


Quelque part dans la soirée,

Plusieurs navires se sont posés contre moi, pour ce soir, à mon étage je les reçois. Mais le temps d’une pensée je m’isole tout en haut, juste avant la lumière ce qui inverse le poids. Un temps seulement.


15h, le 3 mars,

Lorsque du monde est là, à partager mon étage, dans ce phare, je préfère une écriture sobre et efficace, permettant de s’installer comme le plus silencieux. Car oui, ici, depuis les caves du phare, ZOR sommeille en paix. Lorsque ZOR sommeille en paix, tout, mais tout est léger !


15h08

Voilà pourquoi j’en suis réduit au silence de l'écriture. “Rien ne doit jamais réveiller ZOR”, était l’expression, tel le contrat qu’il m’a fallut passer pour être accepté dans cette multinationnale. YED, qu’elle s’appelle. Dans ce phare détaché et pesant, ne pouvant vivre que soumis aux aléas du monde depuis l’océan de la conscience.

15h22

Je vais profiter de l’extérieur. Merci, je ne sais pas pourquoi, vu comment ça bouge, souvent, comment ça tangue, mais d’avoir la place, l'étage, pour prendre soin et rapporter au monde qui me croise, la direction du hasard comme la seule porte du jeu.

Je vais réouvrir mes volets et mes fenêtres peut-être que l’air traversant l’espace centre de ce phare en liberté ne fera pas qu'éclairer les yeux de lumière mais également sifflera l’ode à la joie… Ronronera à jamais dans l’obscurité du sommeil. Je sors.


18h, le 4 mars

Depuis le début de soirée du 2 mars, où un petit groupe de navire s’est accosté le temps de cette agréable et silencieuse (toujours) soirée. Alors que tous les navires sont repartis voguer, une autre personne est restée, mais demeure silencieuse et s’affaire, sans faire cas de moi, à des enchainements d’activités qui me semble parfaitement inconnues. Peut-être est-il aussi un employé de YED… Peut-être qu’il est là pour surveiller que je m’applique bien à compter les plumes et les cailloux. Mais il appartient à ce monde extérieur, il est arrivé par la porte, avec tous les autres il y a deux jours, c’est juste qu’il n’est pas reparti avec son bateau et j’ai beau regarder par le balcon, où Princesse Daphné Paillette continue de guetter comme de sommeiller, j’ai beau bien regarder, je ne vois pas son navire accroché. Et sa présence ne trouble aucunement l'équilibre de ce phare. Mais je ne sais toujours pas ce qu’il fait ici. Je me souviens bien de ne pas être entré ici par cette porte, c’est comme si mes souvenirs ne commencaient qu'à partir du moment où je fus déjà à l’intérieur de ce phare, abandonné. A demeurer libre, équilibré par la légereté de Zoro Zoraï fils de la lune et Serge Zoror, dirigeant de YED, fils de Gégé et petit fils aussi. Il faudrait que je descende d’un étage pour poser ces questions à Serge… Même si j’ai l’impression de le connaitre depuis toujours, descendre à son étage m’inquiète un peu. Son désordre, ses idées arrêtées, sa saleté m’horripilent… J’en ai déjà des haut-le-coeur. Mais c’est mon patron je prendrai le temps d’effacer ces lignes au dessus. Mais je veux m’adresser à Serge, je devrais déjà savoir comment s’appelle celui qui se trouve à mon étage. Comment parler sans faire de bruit ?


18h43

J’ai décidement donné de la salive pour rien. Il m’a répondu qu’il s’en moquait et qu’il préférerait qu’on le lui donne. Et le râle sombre de ZOR s’est fait entendre pour se rendormir. Je lui donnerai alors le nom de … Rien ne me vient et au pire, il pourra s’appeler Bastien.


16h56, le 5 mars

Je n’ai toujours pas compté les plumes ni les cailloux… Pourquoi personne ne me donne un papier ou un son pour m’informer de ce qu’il peut y avoir comme signification de ces deux objets ? Je comprends bien que des choses doivent être transmises aux étages de Zoro et de Serge… Zoro devrait être, je suppose, ce qui est soutenu par la légereté, et Serge, celui qui est posé sur du solide.


ORDRE DE ZOR :

Pour passer la malle aux invités prochains dont l’ordre doit être donné par celui qui partage ton étage, ils doivent rester à ton étage et respecter ces règles absolument. Lorsque tout le monde est à l’intérieur, le sac de plumes doit être sorti de la poignée pour être posé sur la balance. Préciser aux invités, qu’ils ne pourront retrouver leur joie de vivre s’ils sortent du phare tant que le sac de plumes ne sera pas remis à sa première place (qui n’est que la deuxième). Le sac de plumes remis à sa première place marquera la fin de leur présence dans ce phare.


Je ne sais pas quelle heure, peut-être le 6 mars,

Alors que Bastien continue ses affaires sans se préoccuper de rien, une deuxième personne est là… Déjà en train de se tourner vers le cahier que je tiens, c’est pour cela que je ne peux m’exprimer qu’ici. Bien qu’elle à l’air de quelqu’un d’important, aucune agressivité ne semble apparaitre. Et la manière dont elle s’est installée à ma table sans que je ne la vois, me la rend effrayante. Il n’y a aucun bateau accosté… La porte des invités ne s’est pas ouverte, ni vent, ni éclaboussure n’ont pénétré le phare… Comment est-elle arrivée ici, alors ?… Pourquoi j’ai froid ? JE VAIS VOIR PRINCESSE DAPHNE SUR LA BALUSTRADE. Elle utilise même mes encres ! Elle se met à écrire avec une plume dans mon cahier ! Pourquoi écrit-elle à la plume ? Je ne saurais jamais ce qu’elle écrit ?? A qui parle-t-elle alors ??? Pourquoi embrasse-t-elle l’invisible ?


14h55, le 6 mars,

Cette femme s’est posée sous l’angle de moi, et je ne pourrais savoir ce qu’elle y a vu… Par contre l’air entrant par le balcon siffle calme et léger. Comme sufflant le début d’une journée ensoleillée. Sur une fin de printemps. Le retour à l’activité, au plaisir. Me voici donc dehors posé sur ce balcon du monde, souhaitant entendre les premiers chants de la vie. Même ici, isolé dans l’unité partagée, autant sombrant dans les abysses, qu'éclairant les vogueurs vogant sur cet océan du monde. Offrant le symbole de “liberté”, peu importe le remoue du monde, les orages de colère, ou les vagues de tristesse. Même ici, le sifflement des premiers instants ce déploieent avec la joie comme vent, les ténèbres comme paix, et silence comme : ici. Juste où “je” se trouvait.


18h32

J’ai pour la première fois entendu une voix depuis la côte: “un phare” ! Je ne sais pas pourquoi, je ressens à l’intérieur comme un soulagement et au même moment je sens tout le phare comme s’il s'élevait un peu plus haut.


15h11, un autre jour,

Peut-être qu’en criant au loup, jusqu'à toucher la lune, peut-être qu’un écho, j’entendrai. Que se passerait-il? Zor sortirai des caves? Si rien ne va vers le bas? Si ce cri ne souhaite que donner plus d’air, peut-être que Zor lui-même rencontrerai l'éveil de l’astre solaire. Mais il doit recevoir l'écho par l’en-dessous lui aussi. Faut-il que ce soit lui qui luit? Mais rappelons nous que Princesse Daphné Paillette est malade. Il n’y a pas de nourriture pour elle ici. Que repos est observation.


15h30

Je vais prendre l’air en vol.


7h41, le 16 mars 2020,

Onze jours de libre liberté. Au final, quelle différence il y a à être ici, à garder ce phare et à écrire pour demeurer vivant où disparaître par l’air du vent, volant parmi la poussière où s'écrasant parmi la montagne? Aucune. Le seul avantage ici, dans ce phare entièrement rendu à l’océan, c’est qu’il y a la possibilité de l'écrire. Comme si l'écriture, enfin, ici, dans ce phare, Yed, en plus de s’inscrire se scelle en résistance au temps. Heureux d'être guidé par la liberté. Heureux de ne pas la craindre. Mais quand mon esprit se souvient pourquoi je suis ici… Toujours autant embêté. Je n’ai pas compté les plumes et les cailloux. Je ne peux rien faire en ce qui concerne la raison de ma présence ici. Et je ne suis même pas certain pour cela que je suis ici. Je ne peux être celui qui compte les plumes et les cailloux. Je ne peux être comptable… A qui alors puis-je m’adresser? Comment puis-je formuler cette demande? Dois-je jeter des bouteilles à la mer? Ou plutôt, lâcher du balcon, la complainte de mon incapacité? Mais… Pourquoi je ne me suis pas encore posé cette question??? Ca sert à quoi? A quoi ces plumes et ces cailloux servent? Une fois que “nous” aurons ces comptes, ça sera pour en faire quoi? Non… Même pensant ces questions, ce n’est que le résultat des comptes qui pourra y donner les réponses. Yedyeror, Zoro, Serge et Zor ne sont que silence. Qui est donc ce “nous”?


11h41, le 17 mars 2020,

La nouvelle vient de tomber. Ma hierarchie vient me retrouver ce soir… Toute l'équipe de manager sera là. C’est un peu la panique à bord… J’ai laissé rentrer beaucoup trop d’air. Ce phare lâché, a plus sifflé la mélodie de l’innocence que je n’ai cherché à compter les plumes et les cailloux… Et un bruit court, chante qu’ils viendraient pour me sortir de cette tâche qui ne pouvait être la mienne. Ouf !! Je vais pouvoir souffler, pour me laisser pousser par ce geste. Est-ce qu’il réussiront à comprendre la nature des plumes et des cailloux? Que faudrait-il qu’il soit pour réussir là où je n’ai fait qu'échouer? Là où je n’ai pu me résoudre à ouvrir cette malette que Zoro, paraît-il, aurait ouvert devant tous. Où tous auraient vu, Zoro ouvrir la malette, et où chacun y aurait déposé, … Cette plume et ce cailloux. Où étais-je pour ne pas avoir vu?


22h41, le 17 Mars 2020,

Je suis pour la première fois sorti par la porte du phare. J’observe d’ici les navires vides amarrés au phare. Arrêtant de le garder. car ces navires sont suffisamment robustes pour assurer la sécurité. Même si le sentiment de mélancolie, n’appelait aucune joie, cette fois-ci. Les voyageurs, eux, sont entrés dans le phare, par la porte. Et j’ai dû sortir pour qu’ils comptent et établissent le résultat. Me donneront-ils la recette? Ou devrais-je demeurer à être simple gardien de ce phare, libre, équilibré, acceptant vagues mortelles comme infini immobilité? Ce gardien qui ne sert à rien. Puisque ce phare est dans une même harmonie, aussi léger et intouchable que la légèreté de l'être , que lourd et stable de la dévotion à la vie. Je suis donc bien le gardien d’un phare qui n’a besoin de personne pour être gardé. c’est pour cela que j’aime m'échapper par le balcon en suivant un sifflement du vent. De toute façon, la lumière du phare m’indiquera toujours où je peux m’endormir, en lui, en cela. Ne pouvant craindre la liberté puisqu’il en le symbole. Et si un jour il s'écroule par exemple, se fracassant sur une côte, alors la lumière ne fera que rejoindre les autres étoiles. Et Zor chutera dans le sommeil profond. seul endroit où la lourdeur de sa paix fera juste couler les larmes pour y vivre sa joie!!


00h52, le 19 mars 2020,

On dirait que ZOR vient de laisser un message à l’entreprise. C’est donc un boulot qui m’incombe que de faire remonter ce message à l'étage le plus haut de ce phare que l’on appelle en disant “Yedyeror yéro”. YED. Je vais donc voir Serge le parton de la multinationnale YED. Je ne comprends pas pourquoi ça serait lui tout en haut alors que je sais qu’il est à l'étage juste en dessous du mien. Juste au dessus de la grotte de ZOR. C’est pourtant qu’en haut que je le ferai passer. Comment se fait-il que cet autre employé par YED soit aussi important pour placer Serge à la lumière du phare ? Ce message allait partir de travers si je le laissais en l'état… Je l’ai donc mis de manière à ce qu’il soit envoyé tout droit.


9h24, le 30 mai 2020,

Si jamais le phare s'écroule, ZOR ne fera que descendre toujours plus profond dans les abysses où sa paix deviendra intouchable, Yedyeror montera briller parmi les étoiles : et moi… moi je n’aurai qu'à prendre l’air en chemin et peut être que je rencontrerai un royaume fait que de rois et de reines.


12h09, le 31 mai 2020,

A-t-on réellement le droit de demander la lune ? Est-ce que nous la demandons quand on dit : “serait-il possible d’avoir ton coeur sans toi ?” Il n’y a pas plus qu’un infini.

La liberté ne peut s’inscrire, il n’y a pas d’instant où il m’est possible de la saisir ou de l’avoir. Ca serait comme d’essayer d’attraper le soleil avec des gants de vent. Est-il possible de modifier quoi que ce soit? Et même s’il était possible à quoi cela servirait? J’aurai besoin d’avoir un souhait…en ai-je un? Le seul qui pourrait résonner est celui de la fortune. Et même…celui-ci n’est arriver à mes pensées que dans le but de poursuivre le jeu. Poursuivre le jeu! Voilà un rêve! Mais celui-ci ne demande rien de plus. Car il suffit de l'écoute.

Le Gardien du phare, c’est l’instant où quiconque se met à penser et n’en fait que reconnaître Liberté.


La suite : “Il existerait quelque part un phare qui s’est décroché…"


Date de parution: 18 décembre 2020 (textes écrits en février-mars de la même année).

Écriture:
- Jonathan Dupui

Relecture et retranscription:
- Magali De Bortoli
- Anne Lucie Dumay

Mise en forme web:
- Habib Belaribi

Contact: Anne Lucie Dumay, Magali De Bortoli (diffusion@association-tedua.fr, 06 15 60 97 04).

Droit d’auteur : licence Art Libre (termes : artlibre.org).


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