NEUF+2 : «des bijoux pour Franca Rame et Dario Fo» | déc 2020 [reportage #2]


- dans cet enregistrement audio : Cynthia parle de son activité de couturière autonome et de sa rencontre avec Jonathan, Anne Lucie, Habib et Bastien -


Depuis l’apparition du clown Mouce, où la suprématie du Caprice est bien ce qui détruit tout ; qui n’est qu’un autre mot pour dire “désir”. Comme un appel puissant au grand ordre, que pourrait porter celui qu’on nomme patron ou père :

“Qui est là pour me dire d’arrêter de faire de la merde ?!"

Et, mis en scène, par le clown, la simple pureté qu’est la rage de vivre. Mais quoi?
Tous les dimanches qui ont suivi ont été des temps de spectacle de petite forme (en improvisation totale, ou par un temps de travail court de quelques heures ou jours, avec un regard extérieur. Forcément.) Et chaque dimanche, sont venu.e.s des habitant.e.s de la Digue, et même un peu plus.


En plus de faire vivre un semblant de programmation chaque dimanche, pendant ce joyeux confinement, chaque semaine, nous travaillons pour mener à bien notre projet Château. Ou île…

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Là où l’entièreté du collectif se tourne vers l’un de nous pour l’avancement de son activité, comme étant aussi essentielle que n’importe quelle autre, même lorsque l’on pense à la nôtre.


- dans cet enregistrement audio : Habib, Jonathan et Cynthia demandent à Loïc d'exprimer tous ce qui lui parait nécessaire à son activité artisanale... -

Là où, de toute manière, tous les gestes de tout le monde servent autant leurs projections propres que le sujet à reconnaître : cela pourra-t-il se faire sans, un jour ?…
Et tout cela se fait dans un temps donné, ici : 1 semaine (il nous en a fallut finalement 2…).
Pour quel sujet ?
ICÖL .


1. RÉTROSPECTIVE

Nous avons vu monter sur cette scène de fortune Bastien, Farid, Lucie et Magali.


Le deuxième dimanche, le 15 novembre, c’est Farid Lagoune qui appréhendait pour sa première fois l’espace scénique face à un public.
Si son désir perdure, le projet de ce personnage, de ce clown peut-être, est de se redresser face à la bêtise de la violence telle qu’elle se vit encore en sourdine dans les cités abandonnées. Et y pleurer son exact reflet…

Apparition scénique #2 : "Fifoune" | nov 2020 .

Le troisème dimanche, celui du 22 novembre. C’est Lucie Castet et Magali De Bortoli, qui, elles aussi, faisaient face à un public par la présence de leurs clownes. Pas encore nommées. Les deux faisant L’oon.
Il était question d’un rien.
D’une mort peut être.
D’amour, toujours.
De l’espace théâtral comme un espace impossible.
De la raison des clowns sur terre : miroirs de la certitude de ce qui nous lie.


2. Le quatrième dimanche

Et celui-ci donc, le quatrième, le 29 novembre, c’est Julie qui joue, non pas pour du clown, mais bien du théâtre ; et pas n’importe lequel, celui qui passe par les mots enchevêtrés et échangés entre Franca Rame et Dario Fo, auteurs italien.ne.s du XXème siècle, pour un de leurs monologues de leur célèbre Récits de Femmes.
C’est le choix de Julie Hercberg que ce monologue. C’est face à moi qu’elle propose, et re-propose sur la semaine qui précède. Bastien se met à filmer, ou à photographier pour des instants comme ceux-là.


Pourquoi s’octroyer le droit des détails, comme des bijoux, sur la scène?
Si la beauté est là et si la scène est suffisamment petite ?
Et si le geste est reconnu dans le texte?
Quel sens pouvons-nous reconnaître collectivement sur la nature profonde de la pierre ?…

“- Comme celle de la plume ?!” demanderait ICÖL, une fois posé sur les genoux de YEROELLE.


Quel sens pouvons-nous reconnaître collectivement de la présence de Loïc, représentant exact de l’autre dans sa singularité ?
Comme étant ce qui nous donnera la fougue suffisante, à Julie comme à chacun de nous, d’avoir la possibité de voir enfin au plus loin des possibles, comme les plus enragés des chiens. Comme un droit de vivre ferme face à la bêtise de la condition humaine. Comme un cri de douleur trop incrusté pour disparaître :

“- Je ne m’arrêterai pas de créer !” (comme seul véritable cri pour revenir à la tranquillité)


Nous formons un ensemble, ici, alors les cris s’entendent illico.
Et les oreilles se tournent.
Un spectacle démarre.

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-Que pouvons-nous faire dans ce bas monde à part des ponts? (certain de la solution qu’il aurait trouvé comme seule solution possible)
-Flotter! (répondent-ils en choeur par l’inquiétude, la colère, la joie ou la certitude)
-Ou Sombrer. (rajoute le plus conscient d’entre eux)
-Ou se reposer sur mes genoux. (en sourit Yeroelle)
-Tant que tu sombres c’est que tu n’es pas mort. Par contre, si tu te poses sur ses genoux, c’est que tu en as fini avec la guerre. (explose de joie le gardien du phare)”

La discipline du jeu : accueillir l’autre

Franca Rame et Dario Fo nous parlent dans ce monologue de cette difficulté intime que nous pouvons avoir pour accueillir l’autre.

Comme d’un geste nous dépossédant de nous-mêmes. D’une crainte que l’exposition du geste d’accueil ne nous mette à jour dans nos bassesses. Dans notre monstruosité. Que le monde devrait nous fuir. Qui est merveilleusement l’opposé de l’acte même du jeu. Nous sommes l’exposé à vif, même nos cris de souffrances ne font qu'être avalés par le silence du public. Parfait miroir qu’est la joie de porter les larmes de par le monde.

- dans cet enregistrement audio : Loïc s'exprime sur la difficulté à déléguer -


Photo du moment où le loup-informaticien-bêtise-phalocrate se fait attaquer par la poupée de chiffon-qui-dit-des-gros-mots en rentrant dans son cul.
Alors qu’il comptait s’essuyer avec ce qu’il croyait être une petite chose comme nous avait inculqué le patriarcat. N’ayant pas pris le temps de voir la majestuosité de celle que l’idiot nommerait “connasse” :


Il a été discerné, dans la pratique du jeu, que ce n’est que par l’accueil de l’autre dans sa franchise, qu’il est possible de reconnaître sa propre place et ainsi se libérer de ce qui pourrait nous freiner dans le jeu, même celui de mentir.

TEDUA propose non pas une pratique mais une discipline, où le travail du comédien n’a pas à s’arrêter à ses temps de jeu ou de training (pour ceux qui s’en programment).
Mais bien qui se maintient dans sa propre altérité sociale : de concevoir la place du public chez l’autre comme étant la même que chez soi-même.


Tous les membres de l’association qui partagent également leur lieu de vie à la Cité de la Digue à Floirac, ne sont pas tous désireux de faire économie de leur partique du jeu, car ils ont trouvé plus facile de le faire avec autre chose. Comme le travail d’Habib, qui, par notre souhait, a pris la place de “patron” pour l’avancement du projet collectif : le projet château. Bien qu’il avance avec sérieux dans la discipline du jeu.


3 - Le Travail, l'économie et le mouvement

le patron…

Comme beaucoup d’entre nous, Habib Belaribi a traversé les mondes, et son appétit de distinction sociale l’a conduit dans les pires affres de l’univers de l'économie, où résidait une croyance forte d’un système économique tout puissant capable d'écraser n’importe quoi.
Cette croyance fût une de ses grandes erreurs.


Car une fois le burn out atteint, une fois la répulsion totale enfin accomplie face à la violence incessante de ces milieux numérisés de consultants-formateurs-commerciaux, une fois que son inconsciente servitude volontaire pour des patrons ne revêtant rien d’autres que dépression ou arrogance (comme si c'était les deux faces d’une même pièce) fut vomit.
Ce monde-là, enfin, pris fin.

- texte écrit par Habib, dans la soirée qui a suivi la réunion de debrief de la résidence pour Loïc -*

Il continua son voyage. De Shanghaï, il alla à Paris où il participa aux prémices de MakeSense et devint co-entrepreneur associé de la Social Media Squad notamment avec Ambre Perez et Romain Chanut avec qui Habib est resté ami. Puis il alla à Bilbao, où il rencontra Las Indias Electrónicas, lui offrant cette magnifique réalité : que le devoir à produire consiste justement à maintenir la fraternité dans le mouvement de l'économie.

Ce fût surtout lui, qui voulait “vivre et travailler ensemble", “comme Las Indias Electrónicas” disait-il.
Nous autres, d’abord, on s’en moquait.
Comme ce truc qu’il avait avec les sites internet.
Aujourd’hui, je ne me moque plus.
Car seuls ceux qui connaissent l’impact du numérique sur le plateau de jeu de l'économie savent à quel point pour jouer “en fraternité”, il y a à se rencontrer pour se reconnaître amis autour de la table. Et dans le numérique, il y en a plein, qui oeuvrent dans ce sens-là, on les appelle : les libristes.


Oui : un site internet, en une semaine, (en vrai deux semaines…) : icol-crea.net .

… les employé.e.s

Loïc a produit 7 nouveaux bijoux de sa collection “ailes d’archanges”.


Cynthia a conceptualisé les boîtes pour les bijoux et en a fabriquée une quinzaine. Elle a également créer le tampon du symbole d’ICÖL.

Lucie, Bastien et Loïc ont récolté 150 photos pour 30 photos retouchées et sélectionnées, 2h de vidéo pour 4 minutes de vidéo en cours de montage, et 4h30 de pistes audio pour 4min06 d’exploitées.


Il reste Magali et Anne Lucie. Et cette dernière image devrait vous permettre de comprendre la quantité de travail qu’elles ont dû fournir (une semaine pour Neuf+2 individus).


Il y a en un encore. Farid, qui lui s’est occupé du plus tard, de l’après. De l’objectif.


4. “Le Château”

Le début du plan de financement s’organise. Les choses s’exposent pour connaître précisément ce qui nous manque. La distance qui nous sépare entre ce qu’il nous faut et ce qu’on a.

Et rien ne semble nous inquiéter pour autant, nous naviguons au gré du vent autant que de l’océan. C’est un rêve collectif. Et dans aucun cas, il ne pourra abîmer notre présent, joyeux.
Puisque ce rêve ne souhaite que cela.
Avons-nous vraiment besoin d’autre chose ?
Pour accueillir l’autre, oui.


Comme une expression qui surgit :

Regarde, Papa! Le royaume de ton enfant t’accueille avant ton trépas. Viens jouer et rire de ce futur où tu n’es pas. Plutôt que de te lamenter que tout ça, n’a jamais été pour toi. Regarde ! Ne vois-tu pas que tu es déjà là? “Te dua”!


5. Les suites à venir…

Tout va toujours, comme toujours, continuer.
Bon nous sommes déjà le cinquième dimanche.
Dans trois heures, c’est Mickaël qui passera devant le public. Nous pourrons faire de nouvelles images, de nouvelles vidéos, les monter, et monter celles que nous n’avons pas encore pris le temps de faire. Comme un extrait du spectacle de Julie.
Nous savons que nous avons du travail… peut-être dans un prochain article.

Mais là maintenant, c'est : spectacle !

...

- Article bouclé le dimanche 6 décembre 2020. -


Date de parution: 9 décembre 2020.

Écriture:
- Jonathan Dupui

Photos et/ou retouches:
- Loïc Arnaud

Enregistrements audios et témoignages:
- Lucie Castet
- Bastien Lasserre
- Cynthia Perrein

Mise en forme web:
- Habib Belaribi

Contact: Anne Lucie Dumay, Magali De Bortoli (diffusion@association-tedua.fr, 06 15 60 97 04).

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